Choisir certains moments de tension, ici et là, comme des souvenirs ou des intuitions d’un monde intérieur, comme des prémonitions de ce qui ne peut être révélé.

Les donner à voir dans de petits dessins qui empêchent le regard de s’éparpiller sur de vastes étendues et qui invitent l’autre à se rapprocher, à se pencher, parfois à retenir son souffle devant cet inconnu étrangement familier.

Qui a dit que notre corps était peuplé de viscères: nos douleurs, nos peurs, nos amours? Et s’il était viscéralement végétal, animé par une sève vitale traversant l’être de ses racines jusqu’en haut du ciel?

Conçue par l’artiste Ana Marie Asan comme une métaphore du végétal, l’exposition « En vibration » rassemble des dessins, une installation sonore et des compositions imaginaires sur céramique, réalisées à partir de plantes méditerranéennes. Derrière cet univers paisible, contemplatif se glisse l’inquiétude des modifications génétiques et le déclin des abeilles… L’artiste glane, dessine, modèle, grave, mixe du son, mais avant tout, reste en vibration avec le monde végétal qui grouille d’intelligence en dehors de la parole. 

C’est aussi une tentative d’autoportrait qui ne se donne à l’autre que par un processus continu de voilement – dévoilement, où les limites de l’intérieur et de l’extérieur du corps sont ambigües. Tour à tour, celui-ci devient contenant et contenu d’un voyage imaginaire. 

Les dessins traitent également de la féminité et de la recherche d’une vie contemplative à travers des moyens comme la ligne, la superposition et l’emploi parcimonieux de la couleur. 

A.M. Asan